Le député LR Antoine Vermorel-Marques veut « démoder » la fast fashion, ou mode rapide. Pour cela, il propose d'appliquer aux enseignes promptes à renouveler trop rapidement leurs collections une pénalité pouvant atteindre 5 euros par article. L'élu a déposé, le 13 février, une proposition de loi (1) visant à instaurer un système de bonus-malus. Il espère voir son texte adopté mi-mars, à l'occasion d'une semaine transpartisane à l'Assemblée nationale.
Passer de la mode jetable à la mode durable
Avec sa proposition de loi, le député veut s'attaquer à « [un] mode de consommation [qui] connaît aujourd'hui une popularité croissante, comme en témoigne les 100 % de croissance de la marque Shein entre 2021 et 2022 ». Il entend pénaliser cette pratique pour « contribuer à une transition d'une mode jetable vers une mode durable ».
Concrètement, le texte propose de compléter et d'adapter les dispositions du code de l'environnement qui encadrent les écomodulations, c'est-à-dire les primes et pénalités versées aux éco-organismes par les producteurs pour tenir compte de certains critères environnementaux. Pour le textile, le critère environnemental retenu pour définir la fast-fashion est la consommation de vêtements à grande échelle et, surtout, le renouvellement rapide des gammes.
Plus de 1 000 nouveaux articles par jour
En l'occurrence, le député propose que les écocontributions financières versées à Refashion, l'éco-organisme agréé pour la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) de textiles, de linges et de chaussures (TLC), soient modulées « selon que les producteurs mettent ou non sur le marché plus de mille nouveaux modèles par jour ». Une enseigne comme Shein en propose plusieurs milliers quotidiennement, le nombre d'articles disponibles chaque jour approchant les 500 000.
Plus précisément, le député souhaite appliquer une pénalité aux producteurs qui dépassent ce seuil et accorder une prime à ceux qui restent en dessous. Dans l'esprit, le dispositif doit parvenir à un point d'équilibre pour garantir le principe de neutralité fiscale : « L'instauration d'un malus sur la fast-fashion permettra de financer un bonus sur le textile fabriqué en France ».
Quel serait le montant de ces primes et pénalités ? Pour l'instant, la législation limite le montant de la prime ou de la pénalité à 20 % du prix de vente hors taxe du produit visé. Pour le textile, cette disposition, prévue par la loi Antigaspillage pour une économie circulaire, est « dépassée », explique le député. « Un malus de 20 % sur un article coûtant 4 euros ne saurait avoir un impact réel sur la vente », argumente-t-il.
Par dérogation, sa proposition de loi prévoit donc de ne pas appliquer ce plafond s'agissant de ces nouvelles primes ou pénalités fondées sur le nombre de nouveaux modèles mis sur le marché par jour. Pour ces textiles, la pénalité maximale pourra monter jusqu'à 5 euros par produit.